J’ai appris avec horreur et indignation la dégradation dont a été victime la stèle du jardin mémorial des enfants du Vel d’Hiv. Selon les premiers éléments que j’ai pu obtenir, certains mots figurant sur le grand mur en pierre calcaire ont été noircis au feutre. Toutes les occurrences du terme « camp d’extermination » ont par exemple été amputées du mot « extermination ».
Vouloir dissimuler les mots, c’est vouloir dissimuler le mal.
Inauguré en juillet 2017 par Emmanuel Macron et Serge Klarsfeld, le mémorial de la rue Nelaton doit nous rappeler chaque jour le sort atroce qui fut réservé aux 4 115 enfants juifs arrachés à leurs parents par la police française, les 16 et 17 juillet 1942, pour être déportés et exterminés à Auschwitz. L’auteur de cette profanation a ainsi effacé le qualificatif « absolument cruel » qui était utilisé pour désigner cette rafle : laisser penser qu’une telle abomination n’était pas « absolument cruelle » est tout aussi cruel que la rafle elle-même.
Le Président Chirac l’avait très bien dit dans son célèbre discours du 16 juillet 1995 : « Transmettre la mémoire du peuple juif, des souffrances et des camps. Témoigner encore et encore. Reconnaître les fautes du passé, et les fautes commises par l’État. Ne rien occulter des heures sombres de notre Histoire, c’est tout simplement défendre une idée de l’Homme, de sa liberté et de sa dignité. C’est lutter contre les forces obscures, sans cesse à l’œuvre. »
Le Bureau National de Vigilance contre l’Antisémitisme a annoncé porter plainte, la mairie de Paris devrait faire de même. C’est un message qu’il faut faire passer aux négationnistes : dans le combat contre l’antisémitisme, nous ne laisserons rien passer.
Je suivrai avec attention les développements de cette enquête, non pas seulement en tant que députée de ce 15èmearrondissement que je chéris et dans lequel l’antisémitisme n’aura jamais sa place, mais tout simplement en tant que Française qui garde en mémoire les mots de Franz Fanon : « quand vous entendez dire du mal des Juifs, dressez l’oreille, on parle de vous. »