L’Assemblée nationale à l’épreuve du spectacle

Notre Assemblée nationale donne un triste spectacle ces derniers jours. A l’heure où j’écris, après bientôt une semaine de travail, l’article 1 du projet de loi portant réforme des retraites n’a toujours pas été adopté… Il en reste 63. A ce rythme, il faudrait 1 643 heures de débat pour terminer la seule loi ordinaire, soit 25 semaines de séance.

Notre pays a besoin d’avancer : voilà plus de deux ans que nous travaillons à ce projet de loi, plus de deux mois que le texte a été présenté et que le Gouvernement y apporte les garanties réclamées par les partenaires sociaux. La mise en place de ce système universel, qui était une promesse du Président de la République, répond à un besoin de justice sociale qui est reconnu de tous. Hélas, il est devenu un prétexte, un défouloir pour une opposition qui y voit avant tout une opportunité de faire de la politique.

L’opposition prétend que nous refusons de négocier. C’est cette même opposition qui a bloqué tout débat en commission, de sorte que toutes les améliorations qui y avaient été adoptées – la hausse de salaire des enseignants, l’abattement sur les cotisations des professions indépendantes, la majoration de points pour les parents ayant élevé des enfants handicapés… – seront à rediscuter. Dans ces conditions, qui refuse de négocier ?

Les Insoumis crient à la confiscation du débat, tout en faisant part de leur volonté de déposer encore 700 000 sous-amendements. Il faut tout de même relever qu’avec 17 députés sur 577 (soit moins de 3 % de l’Assemblée nationale), ils monopolisent 20 % du temps de parole. Celui de notre majorité est largement inférieure : 7 % pour le groupe LaREM, 7 % pour le groupe MoDem. Dans ces conditions, qui confisque les débats ?

En noyant les amendements importants sous un flot d’amendements insignifiants (substituer au mot « pas une », le mot « aucune »

Substituer au mot « « des », le mot « tous les »…), les Insoumis et les communistes discréditent le travail parlementaire. Ils ne veulent rien construire, ils veulent détruire – et pas seulement la réforme des retraites mais la capacité de réforme dans son ensemble. Dans ces conditions, qui corrompt la démocratie ?

Faute de réussir à mobiliser dans la rue, l’opposition en est réduite à des coups d’éclat médiatiques. Même le président du Sénat Gérard Larcher prétend aujourd’hui s’indigner que le projet de loi soit examiné en procédure accélérée… sans préciser que c’est le cas pour l’essentiel des projets de loi sous la Ve République (c’était d’ailleurs le cas des réformes des retraites en 2010 comme en 2014).

Ces coups d’éclat font partie du jeu, je ne dirais jamais le contraire : la politique a nécessairement une part de spectacle. Mais attention à ne pas la transformer en farce, car la tragédie n’est jamais loin.

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