Un budget de réconciliation

Je m’exprimais ce matin à la télévision sur le PLF 2020, présenté vendredi dernier en Conseil des ministres et que mon nouveau poste de vice-présidente de la commission des finances me donnera l’occasion de suivre d’encore plus près que les précédents textes budgétaires.

Ainsi que j’ai pu le dire à Hedwige Chevrillon, il me semble que ce budget est un budget de réconciliation. J’aimerais vous dire que c’est un budget de révolution mais la révolution nous l’avons faite en 2017 quand nous avons osé dire qu’il fallait cesser de punir le capital et le travail. Les résultats sont là : le nouvel impôt sur la fortune immobilière et le prélèvement forfaitaire unique rapportent plus que prévus, le chômage baisse.

2018 nous a surpris, indéniablement, en nous montrant que nous avions créé une grande impatience : nous avons dû en urgence rééquilibrer vers les ménages au détriment, c’est vrai, des entreprises pour qui la baisse de l’impôt sur les sociétés a été mise en pause.

Aujourd’hui, nous entamons la réconciliation : c’est donc un budget ET pour les entreprises, dont l’impôt sur les sociétés va baisser, ET pour les ménages, dont les impôts vont également baisser. Cela implique des sacrifices budgétaires, indéniablement, mais il est impossible d’oublier que nous évoluons dans un nouveau contexte : international d’abord, avec notre crédibilité retrouvée auprès des investisseurs ; social surtout, avec la crise des « gilets jaunes ».  

Je ne suis pas de celles qui considèrent ce mouvement comme une simple crise d’adolescence passagère. Il me semble au contraire que c’est une crise aux ramifications profondes et lointaines, comme l’était mai 68 ou plus récemment la crise des banlieues. Dans un cas comme dans l’autre, pour dénouer les crises, il a fallu dénouer les cordons de la bourse. Avec ce budget, nous allons ainsi rendre 9 milliards d’euros aux Français avec une baisse de l’impôt sur le revenu qui concernera tous les contribuables hors ceux relevant des tranches les plus élevées du barème (taux de 41 % et 45 %). La première tranche est abaissée de 14 % à 11 %, les autres sont ajustées, permettant à 17 millions de Français de gagner en moyenne 300 € sur un an. Avec la suppression complète de la taxe d’habitation pour 80 % des Français les plus modestes, c’est encore un gain moyen de 555 € sur un an que nous allons apporter.

Cela ne veut pas dire que nous abandonnons nos objectifs en matière de finances publiques. Au contraire, malgré l’ampleur de nos efforts pour soutenir le pouvoir d’achat, nous présentons le plus faible déficit depuis 2001 (2,2 %) et nous avons stabilisé la dette alors qu’elle augmentait depuis 40 ans. C’est ainsi qu’entre 2018 et 2020 la dépense publique n’augmente que de 0,4 % en volume, soit deux fois moins qu’entre 2012-2017 et trois fois moins qu’entre 2007-2012.

 

 

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