Demain, un nouvel acte des «gilets jaunes» est annoncé, le 19 e du nom. Si on pouvait jusqu’à présent considérer que ces manifestations étaient « entachées » de violence, celle du 16 mars a été le théâtre d’un tel déferlement de haine et de pillage qu’il n’est plus possible de considérer que ces violences sont marginales. Au mieux, on pourra dire que les violences du 16 mars étaient «entachées» de manifestants.
Je suis choquée par ces bandes qui, en s’attaquant à ses institutions, menacent la République. J’ai personnellement signalé au ministère de l’Intérieur une vidéo partagée des dizaines de milliers de fois dans laquelle un homme à visage découvert et habillé d’un gilet jaune menaçait directement les habitants du XVI e arrondissement. Comprenant que les forces de l’ordre avaient été incitées au calme, certaines personnes se sont arrogées un droit de frapper. C’est un renversement de la thèse de Max Weber : la foule pense avoir le monopole de la violence légitime. Je suis aussi choquée par le fait qu’une poignée d’utra-violents remette en cause le droit de commercer et le droit de travailler. À Paris, on a dénombré samedi, 27 commerces pillés et 124 établissements dégradés. Au-delà du coût des réparations ou de la perte de chiffre d’affaires, je pense surtout aux salariés qui ne vont plus pouvoir travailler. Début janvier, on comptait déjà 58 000 salariés en chômage partiel du fait des «gilets jaunes». Le Gouvernement va bien sûr leur venir en aide mais ces gens veulent vivre de leur travail, pas de dédommagements.
En prenant en otage des quartiers entiers et en les livrant au pillage, c’est in fine le droit de manifester que ces casseurs remettent en cause. Le Gouvernement a été contraint de présenter un arsenal de mesures pour contenir les casseurs : il y aura la loi anti-casseurs d’une part, réponse structurelle à l’infiltration des cortèges par les black blocs depuis plusieurs années ; il y a la nouvelle doctrine du maintien d’autre part, réponse conjoncturelle aux modes d’action utilisés par les casseurs depuis plusieurs mois. On a trop dit que cette manifestation était un échec du Gouvernement, mais je pense surtout qu’elle est d’abord un échec des « gilets jaunes » : il y a eu un fort regain de tension mais certainement pas un regain de participation (32 300 personnes contre 28 600 le samedi précédent). C’est ensuite une victoire des casseurs : il y avait une volonté revendiquée, parmi les leaders du mouvement, de casser pour casser, en espérant que les médias s’en feraient l’écho alors que le mouvement s’essouffle. Je ne me trompe pas de cible. Il y a un mouvement de fond, qui demande de la justice : nous avons entendu ces Français qui veulent débattre, la plateforme du grand débat a recueilli près de 2 millions de contributions, le Gouvernement va annoncer des mesures. Il y a en parallèle un mouvement des franges, qui veut le désordre : nous ne pouvons pas tolérer que quelques milliers d’extrémistes prennent la France en otage. Ils ne veulent pas débattre, ils veulent se battre. Contre ces gens, nous devons montrer la plus grande fermeté, nous la devons aux habitants de ces quartiers et de ces villes qui subissent chaque semaine des attroupements, des exactions, des pillages et doivent se barricader chez eux ou fuir leur immeuble.
J’étais invitée de FranceInfo TV sur ce sujet mardi dernier, cette interview reflète parfaitement mon état d’esprit à l’issue de ce chaos organisé.