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Olivia Grégoire (LaREM): «Il n’y a ni tournant à gauche ni tournant à droite» – Le Figaro

Dans un entretien au Figaro, une jeune députée de la majorité revient sur l’allocution d’Emmanuel Macron lundi soir à la télévision et juge que la colère des Gilets jaunes peut être une chance pour la France.

Olivia Grégoire est députée LaREM de la 12è circonscription de Paris. Chef d’entreprise, elle a été élue en juin 2017 dans la foulée de la victoire d’Emmanuel Macron à la présidence, qu’elle soutenait depuis plus de six mois. Elle est membre de la commission des Finances et a présidé la commission spéciale d’examen du projet de loi Pacte à l’Assemblée en septembre.

LE FIGARO.- Que retenez-vous de l’allocution à la nation lundi soir du président de la République?

Olivia GREGOIRE.- Un Président grave, conscient des difficultés que le pays affronte, qui ne se dérobe pas, qui ne se cache pas. Un Président grave, conscient du besoin d’écoute, qui a reçu les différents corps intermédiaires et qui a répondu point par point aux questions et attentes. Un Président grave, conscient également que certains de ses mots ont pu blesser. Un Président grave, conscient qu’il faut proposer un nouveau contrat pour la Nation. Je suis rassurée de savoir que celui que la majorité des Français a choisi comme président de la République, rappelons-le, est capable de reconnaître ses erreurs et d’avancer. Pas de statu quo. Nous sommes toujours en marche.

Ce discours, qui intervient plus de quatre semaines après la première mobilisation des Gilets jaunes, marque-t-il un tournant (à gauche) dans le quinquennat?

Il n’y a ni tournant à gauche ni tournant à droite. Nous avons une destination, un cap. Ça n’est pas parce qu’on change de chemin, ou qu’on le fait évoluer, qu’on renie sa destination. Il y a, comme toujours chez En Marche!, trois étapes: l’écoute, la concertation puis l’action. Le Président, le gouvernement, la majorité écoutent les revendications, les entendent et concertent. Hier soir, le Président a proposé et a agi en conséquence. Nous voulons trouver des solutions, quel que soit leur supposée couleur politique. C’est la France et les Français qu’il faut faire avancer aujourd’hui, et sortir ensemble de cette crise, qui devient «destructrice» à 15 jours de Noël. Personne n’a le monopole des questions économiques, sociales et sociétales. Avançons tous ensemble sans dogmatisme.

Beaucoup disent que la fracture dans le pays est telle que le programme présidentiel est caduc et que le chef de l’Etat ne pourra plus faire aucune réforme d’ici à 2022. Et vous?

Je ne crois pas. Peut-être même au contraire. Mais sûrement autrement, une autre façon de faire. Nous apprenons beaucoup des erreurs qui nous ont amenées à cette crise économique, sociale et politique, que nous traversons -même si nous ne sommes pas les seuls responsables de la cette crise de la représentation. Je n’oublie pas qu’Emmanuel Macron a été élu en dépassant des clivages, en retournant des idées reçues, en ayant le courage de faire ce que beaucoup n’osaient pas. Et je pense que le Président, le gouvernement, la majorité parlementaire, peuvent rebondir avec la concertation qui s’ouvre durant 3 mois, et profiter de cette crise pour vraiment mettre à plat les sujets qui produisent la colère «juste» dont il a parlé: pouvoir d’achat, redistribution, égalité sociale, efficacité économique pour chacun… Comme le dit le Président, oui cette colère peut être notre chance. A nous tous, gilets jaunes, syndicalistes, associations, élus de la majorité comme de l’opposition, locaux comme nationaux, de vraiment savoir la saisir.

«Nous avons une destination, un cap. Ça n’est pas parce qu’on change de chemin, ou qu’on le fait évoluer, qu’on renie sa destination»

Olivia Grégoire

Si on vous avait dit, quand vous vous êtes engagée en 2016 derrière Emmanuel Macron, que la France serait dans un tel état après 18 mois de mandat, vous auriez signé quand même?

Bien entendu. Et peut-être même encore plus… Je me suis engagée justement parce que j’ai senti depuis plusieurs années combien la colère montait, dans notre pays, et combien elle était juste parfois notamment chez les classes moyennes. Elle a généré chez moi de l’inquiétude. Inquiète pour la France, pour notre nation, effrayée de voir monter les nationalismes en Europe, je me suis engagée en sachant que ce serait très dur. Et ça l’est. Je ne suis en rien surprise. Nous avons été élus sur cette colère, face aux extrêmes larvés. A nous de nous en rappeler chaque minute. Je m’en rappelle chaque matin, chaque soir, pour ma part, depuis 540 jours.

Qu’est-ce que vous, députée LaREM, allez changer concrètement dans votre gouvernance pour éviter qu’un tel conflit ne se reproduise dans les années à venir?

J’ai déjà changé. En tant qu’élue, je me sens aussi à mon modeste niveau, une part de responsabilité. Je n’ai pas su à mon niveau non plus, sûrement, On échange trop peu, or nos concitoyens ont envie de donner leur avis,on est en 2018, les médias les réseaux sociaux, tout cela change la donne de la pratique politique. Nous devons mieux partager, et parler plus clairement, moins techno. A nous d’être de meilleurs traducteurs, de meilleurs «ascenseurs d’idées», de meilleurs «gardiens du réel» et d’évaluer ce qui a été voté, assurer l’exécution qui pêche trop souvent et décrédibilise l’action politique.

Marc Landré

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